
L'UFC estime que "le consommateur achète une eau vendue comme minérale naturelle alors qu’elle n’est pas naturelle, puisqu’elle a été traitée" ( AFP / Fred TANNEAU )
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a demandé mercredi au tribunal judiciaire de Nanterre le retrait temporaire des bouteilles Perrier, marque de Nestlé Waters, dont elle considère la commercialisation en tant qu'eau "minérale naturelle" comme trompeuse, ce que l'entreprise conteste.
L'objectif avancé par l'association est d'obtenir des mesures provisoires "de retraits du marché et de rappel de produits", "d'interdiction de commercialisation" et "la cessation des tromperies concernant ces eaux Perrier présentées comme +minérales naturelles+".
La décision du tribunal est mise en délibéré au 18 novembre.
"On a affaire à un opérateur économique qui fraude sur la qualité de son produit", a dénoncé mercredi Me Alexis Macchetto, avocat de l'association, lors de l'audience.
Début 2024, des articles de presse avaient révélé l'utilisation au cours d'années précédentes de traitements interdits (ultraviolets, charbon actif) sur des sites d'embouteillage de Nestlé Waters pour, selon la filiale du groupe suisse qui rassemble notamment les marques Vittel, Perrier et Contrex, "assurer la sécurité sanitaire" des eaux.
Or, une eau minérale naturelle ne peut faire l'objet d'aucune désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques.
- "Double niveau de contrôle" -
L'UFC estime ainsi que "le consommateur achète une eau vendue comme minérale naturelle alors qu’elle n’est pas naturelle, puisqu’elle a été traitée", a expliqué mercredi matin à l'AFP Me Macchetto.
Au printemps, l'UFC avait saisi le tribunal judiciaire de Nanterre en référé. Une audience prévue en juillet avait finalement été reportée.
A l'AFP, Nestlé Waters a assuré rester "tout à fait déterminé" à "contester" l'action en justice de l'UFC, rappelant toujours "opérer sous le contrôle des autorités".
Outre la "tromperie", l'UFC-Que Choisir affirme également qu'il y a "un risque réel pour le consommateur: sans mesure prise, un jour quelqu'un pourrait tomber malade", selon les mots de son avocat à l'AFP.
"L'eau minérale fait l'objet d'un double niveau de contrôle qui se traduit par 700 analyses par jour. L'eau est sûre, à la fois à la source et en bouteille", a rétorqué Jean-Luc Champy, avocat de Nestlé Waters devant le tribunal.
Des contaminations, notamment par des bactéries "d'origine fécale", ont été plusieurs fois relevées ces dernières années, notamment après de fortes pluies, sur les forages utilisés pour Perrier.
- Changement de filtre -
Le groupe affirme qu'elles sont "ponctuelles", que ces pollutions concernaient "des puits aujourd'hui suspendus", et ajoute que "toutes les mesures nécessaires sont prises en cas d'anomalie".
"Nos eaux et nos produits ont toujours pu être consommés en sécurité", insiste Nestlé Waters auprès de l'AFP.
Pour Me Macchetto, le risque est d’autant plus évident que Nestlé a récemment "remplacé ses filtres 0,2 micromètre par des filtres 0,45 micromètre", technologie "forcément moins efficace", a affirmé l’avocat à l'AFP.
Le 7 mai, le préfet du Gard avait donné deux mois au groupe pour retirer sa microfiltration à 0,2 micromètre, estimant, en se fondant sur l'avis des experts de l'Agence régionale de Santé (ARS) Occitanie, que ce dispositif "modifie le microbisme de l'eau produite, en contradiction avec la réglementation en vigueur" pour les eaux minérales naturelles.
Au moment de cette mise en demeure, le préfet avait bien spécifié que "les bouteilles Perrier commercialisées jusqu'à ce jour ne présentent aucun risque sanitaire pour les consommateurs".
Mercredi, Nestlé Waters s'est notamment appuyée sur ce changement de technologie pour remettre en cause le bien-fondé de la saisine de l'UFC. "On vient étendre le champ de votre saisine, ce n'est pas la même technologie", a pointé Me Yann Utzschneider, également avocat de la firme, arguant que les filtres utilisés au moment où l'UFC a intenté son action en justice ne sont plus utilisés.
Dans un autre volet de ce dossier, la plainte de l'UFC-Que Choisir devant la Cour de justice de la République contre des ministres en place au moment du scandale a été classée sans suite, a annoncé le ministère public.
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